0553 587032 contact@issigeac.info

Vivre le passé le temps d’une balade...

Issigeac, aux confins de la Dordogne et du Lot-et-Garonne, est une cité médiévale qui fait exception au milieu des bastides avoisinantes fondées au XIII° siècle. Le village d’Issigeac, d’origine mérovingienne (VI° siècle) est construit sur d’importants thermes gallo-romains.

Issigeac est à mi-chemin des camps de Vesone (Périgueux) et d’Eysses (Villeneuve/Lot). Le site présente de nombreuses caractéristiques (géographiques, toponymiques…) permettant de penser que sa forme ronde est héritée du camp romain de Publius Crassus, légat de César ayant pour mission de pacifier l’Aquitaine. Vers 56 avant J.-C., avec ses douze cohortes (environ 8000 hommes), il doit attendre des renforts venus de Narbonne et Toulouse pour combattre les Sotiates (en Lot & Garonne). C’est à cette époque que se développe en Gaule le culte d’Isis, déesse égyptienne dont la légende dit qu’elle s’est réfugiée dans un marais pour élever son fils Horus. Elle est également la déesse des moissons ; elle était célébrée en hiver au moment des crues du Nil.

On peut raisonnablement penser que les renforts militaires venant du sud ont apporté avec eux le culte (nouveau) d’Isis. Le site rappelant fortement la légende de la déesse (zone humide, inondations, terres fertiles), la déesse aurait ainsi donné son nom au site (par l’association du nom d’Isis avec jaceo ou Jacio). Certains s’amusent à raconter que la déesse serait allé chercher de l’argile au lieu-dit « La Martine » au nord du marécage pour reconstituer le membre perdu d’Osiris !

Lors des fouilles archéologiques en marge de l’installation du tout-à-l’égout, d’importants et riches thermes romains ont été découverts sous le village. Ces thermes étaient idéalement placés pour faire étape sur les routes entre Périgueux-Agen et Bordeaux-Cahors.

au IV° siècle l’occupation de l’Aquitaine par les Wisigoth se termine par la destruction des thermes (qui furent incendiés).

En 508, Les mérovingiens se replièrent après le siège de Carcassonne. Certains guerriers seraient passés par le Périgord et auraient ainsi pu fonder un monastère sur les ruines des termes issigeacois. On peut ainsi supposer que l’église Saint-Martin ait été construite au début du VI° siècle. Plusieurs indices laissent penser qu’elle se trouvait rue Clovis où un bâtiment semble avoir été construit par extension et modification de l’ancien édifice religieux.

La plus ancienne citation d’Issigeac figure sur un « rouleau des morts » daté de 1008-1009 stipulant que les reliques de Saint Félicien et Saint Exupère se trouvaient en l’église Saint-Martin d’Issigeac. La relique d’Exupère (saint toulousain) fut transférée en la basilique Saint Cernin de Toulouse pour l’inauguration de celle-ci en 1096. Il est probable que l’abbaye de St Cernin de Toulouse, très influente, ait contribué à la construction de l’église St Félicien d’Issigeac en échange du rapatriement à Toulouse de la relique de St Exupère.

Au XIII° siècle, Issigeac était un bourg à coutumes. Celles-ci définissaient les droits et les devoirs des habitants. C’était donc la loi. D’abord orales, elle furent transcrites en 1298. Le seigneur d’Issigeac possédait pouvoirs spirituel et temporel. Une assemblée de prud’hommes et un bailli représentaient les habitants du bourg.

En 1317 les évêques de Sarlat sollicitèrent du pape la seigneurie d’Issigeac, qui leur fut accordée à la mort du doyen.
Malgré ses importants remparts le bourg fut détruit, deux fois. Une première fois en 1300 par le Seigneur de Bergerac, Renaud de Pons. Une seconde fois en 1437 par les Soudards de Charles VII, commandés par Rodriguez de Villandrando. L’église et le village furent reconstruits. Les bases des maisons de pierre sont pour nombre d’entre elles du XIII° siècle et les parties supérieures sont XV° siècle.

Les guerres de religion entre catholiques et protestants furent particulièrement destructrices. L’église Saint Félicien, reconstruite au XVI° siècle, fut partiellement détruite au XVII°. Elle fut modifiée dans son aspect extérieur au XIX°, entraînant d’importants désordres structurels qui font désormais pencher le mur sud. Des travaux de consolidation de la voute sud ont été réalisés au début du XXI° siècle. Le bâtiment est classé.

La prévôté, construite au XV° siècle au nord-ouest de la cité, fut également saccagée puis reconstruite au XVII° siècle.

Au XVII° siècle, le château d’Issigeac, reconstruit, devint l’une des résidences des évêques de Sarlat. Il est donc également appelé Palais des évêques. Devenu résidence privée après la révolution, il fut racheté par la municipalité vers 1900. La mairie s’y installa jusqu’à la fin du XX° siècle. La « salle des fêtes » du château a été aménagée dans les années 1950. Les peintures sont de Pierre Belvès (illustrateur des albums du Père Castor). Elles représentent les châteaux que l’on peut trouver sur l’ancien canton d’Issigeac.

Dans le sous-sol de la ville se trouvent les fondations d’importants thermes romains et des dizaines de tombes mérovingiennes. Lors de fouilles préventives en avril 2019 dans la maison des dîmes, fâce au château, les fondations d’une salle octogonale probablement gallo-romaine ont été découvertes, sans explication pour l’instant quant à son usage.

N’hésitez pas à profiter d’une visite guidée pour découvrir de multiples détails sur la cité.
Pour plus d’informations : Centre d’archives du temps incertain, Emmanuel Dubois, 06.07 99 75.40.
Bureau d’information touristique, 05 53.58 79 62.

Le Palais des Evêques de Sarlat

Aux bâtiments de l’abbaye ruinés par les guerres de religion, succède cette grande demeure (1660) d’un style très sobre malgré ses élégantes tournelles de brique. C’est l’oeuvre de François II de Salignac de la Mothe Fénelon. Ce château abrite dans son caveau l’Office de Tourisme. Au centre se trouve une salle des fêtes aménagée après la seconde guerre mondiale. La mezzanine, décorée par Pierre Belvès, représente les châteaux de l’ancien canton d’Issigeac. Au dessus de la scène, des poutres du XVII° siècle sont couvertes de motifs représentant des oiseaux et des fruits.

La Maison des Dîmes

La dîme était un impôt dû à l’église (le dixième des récoltes). Importante demeure du XV° siècle, avec ouvertures en arc brisé ; la partie supérieure est contemporaine du palais des évêques, avec une étonnante toiture à la française. En 2019, des fouilles archéologiques au centre-est du bâtiment on mis à jour un mur plus ancien contre lequel était adossé un sarcophage. Plus bas encore, des fondations octogonales ont été mises à jour sans que l’usage de cette salle soit connu à ce jour. Les fouilles de 1994 ont quant à elles révélé de nombreuses tombes mérovingiennes à l’est et au sud du bâtiment, ainsi que des termes gallo-romains dans ce secteur. Des mosaïques auraient été trouvées au nord-ouest du bâtiment dans les années 1950-1960 lors de la création d’une fosse de vidange de voitures ; le bâtiment abritait alors une station-service.

Maisons en pans de bois

Les toitures tantôt agenaises (tuiles canal) tantôt périgourdines (à la française) ou bien à la Mansard (brisis et terrasson) sont un des charmes d’Issigeac. La maison en pans de bois est un travail de charpentier sur un premier niveau de pierre. L’assemblage des bois verticaux (poteaux) et horizontaux (sablières) est comblé par un torchis, des bricous ou de la pier-raille. La stricte façade s’anime avec des croix de St André (en X).

Maisons en pierre

Elles sont, dans l’ensemble, presque toutes sur le tour de ville, appuyées au rempart. Elles devaient, au dernier étage, laisser le libre passage des guetteurs. Ce sont les maisons les plus an-ciennes avec au rez-de-chaussée des ouvertures en arcs brisés, à l’étage des croisées (meneau et traverses) ou demi-croisées, à chanfrein ou moulurées (XVe siècle). A l’époque médiévale on habitait au deuxième niveau : c’est l’étage noble. Au premier niveau : atelier, commerce ou simplement cellier ou écurie.

La Prévôté

Cette chartreuse du XVII° siècle fut la demeure des prévôts (curés d’Issigeac après la disparition de l’abbaye). Elle comprend deux ailes coiffées à la française tandis que la partie centrale est à la Mansard. Au-dessus du perron, une petite construction coiffée à l’impériale. Les fondations sont du XV° siècle. Remarquez le pigeonnier juché sur le rempart.

La Maison des Têtes

Importante maison de la fin du XV° siècle, elle comporte à son dernier niveau un pan de bois losangé, à croisettes, avec un décor de colonnettes sur les poteaux et sous l’appui des croisées des têtes grotesques (têtes que l’on retrouve également au sommet du clocher de l’église, ainsi que sous le porche). Voir aussi à l’angle du larmier une petite sculpture de pierre, un lion (?), nommé « Monsieur d’Issigeac ». Bien que le bâtiment soit inscrit au patrimoine, la cour intérieure tombe en ruines, négligée par son propriétaire.

La Rue de l’Oustal

Ensemble de maisons typiques d’un lotissement du XIII° siècle. Ce sont de petites maisons semblables, avec un rez-de-chaussée en pierre qui abritait l’atelier et un premier niveau dédié à l’habitation.

La « Maison Champignon »

Une petite maison bien originale, posée ici comme un îlot qui reprend l’élégance et la finesse des maisons à pans de bois. Les larges encorbellements permettaient le passage des charrettes. Elle se trouve sur la place Bari Paliou qui signifie « Barrière de pieux ». On est en effet à proximité du tour de ville, et donc des anciens remparts, dans une partie fortifiée tardivement.

L’église St Félicien

Ses fondations sont du XI° siècle et coïncident avec l’inauguration de la basilique St Sernin de Toulouse, où fut rapatriée la relique de St Exupère, jusqu’alors en l’église Saint Martin. Après le sac d’Issigeac en 1437, l’église fut reconstruite par l’évêque de Sarlat dont les armes figurent sous le porche et sur nombre des piliers. C’est un gothique finissant rare en Périgord, dénaturé par la restauration de 1871. Elle est classée, ainsi que les grandes statues de bois polychromé du XVII° siècle. Tous les vitraux datent de la restauration de 1871. Les trois lancettes du chœur sont consacrées à l’histoire du suaire de l’abbaye de Cadouin. Celui-ci est représenté dans la partie basse du vitrail central. On peut observer des têtes grotesques sous le porche et tout autour du sommet du clocher.

Textes: Jean Manœuvre, actualisés par Emmanuel Dubois